mardi 29 novembre 2011

L'ESPACE COMMERCIAL/COMMERCIAL SPACE

Nous vivons à l'ère de l'économie globalisée et de l'échange marchand. La société de consommation est dominée par les rapports d'achats et de ventes. Le marketing a acquis une place importante dans nos vies à travers la publicité. Le pouvoir de la Religion et de l'Etat rivalise difficilement avec celui des entreprises. Cette expansion du marché, avec le développement industriel, se traduit par une multitude d'espaces liés au commerce. Nous voudrions qualifier ces différents espaces et montrer leur spécificité. Nous nous demanderons ce qu'ils ont en commun afin de déterminer ce qu'est l'espace commercial et son évolution par rapport à d'autres espaces comme l'espace privé ou l'espace public.



I. Les espaces permanents

Les espaces commerciaux permanents se distinguent en principe de l'école, de la mairie, de l'église ou du domicile. Dans une ville, ce sont les plus répandus : cafés, restaurants, boutiques, banques etc. Ce sont des espaces structurels, stables, habituels. Un galerie marchande, un épicier et d'une certaine façon un service à distance ou un cabinet sont des espaces fixes, avec des horaires réguliers. Les sites de production sont également fixes, même si on observe des délocalisations de la production et de la vente assez fréquentes aujourd'hui. On peut également considérer les canaux de diffusion comme des espaces liés au commerce.



A. Les espaces de production et de distribution.

Certains espaces sont consacrés à la productions des biens et des services. Cela va des mines et des champs du secteur primaire, des usines et manufactures du secteur secondaire, aux bureaux et cabinets du tertiaire. On doit être attentif aux questions environnementales et sociales dans ces secteurs. Beaucoup de critiques sont faites concernant les conditions mécanisées du travail, l'organisation scientifique de la cadence, le droit des travailleurs, la protection des salariés, ainsi que celle de l'environnement et des habitants proches des sites de production. On retrouve le travail à la chaîne dans le tertiaire, dans les centres d'appel ou les administrations. De nombreux modes de contrôles électroniques ou spatiaux disciplinent les lieux de travail. En un sens, la pénibilité du travail a été réduite par l'amélioration des outils et la diminution du temps de travail. Mais il faut être attentif à de nouvelles nuisances (toxicité des produits, contrôle informatisé des travailleurs, etc.). Les espaces de production sont souvent à l'écart des centres villes, dans les zones industrielles et les campagnes. Ils sont difficilement accessibles et bien contrôlés. On ne rentre pas dans une usine comme on veut, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Les espaces de production sont protégés des intrus pour des raison de sécurité. Ces endroits fortement mécanisés peuvent être rapidement dangereux. Le matériel de production est bien gardé, tout comme les secrets de fabrication. On remarquera également que, d'un point de vue esthétique, les lieux de production sont souvent peu accueillants. Les échelles sont parfois démesurées et aucun effort n'est fait pour sauver le paysage : béton, goudron, acier, grilles, fumées dominent généralement. La circulation est disciplinée, le bruit des machines et l'odeur des produits peuvent être envahissants.

Le cabinet médical est à la fois un lieu de production et de consommation. Le restaurant mêle également les deux. Mais pour les produits, il est rare aujourd'hui qu'un artisan travaille sur place. Il a été remplacé par des ouvriers éloignés de l'espace de vente, ce qui suppose une logistique et une traçabilité des biens. La diffusion est aujourd'hui consommatrice d'espace et d'énergie. Elle se situe entre production et consommation et consiste en des activités de transport et de stockage. Les espaces de diffusion sont les routes, les hangars, c'est-à-dire des non-lieux (Marc Augé). Ils sont très problématiques en tant qu'ils posent différents problèmes environnementaux (aéroports, autoroutes etc.). Comme les lieux de production, les espaces de diffusion sont éloignés des lieux de vie. Il n'ont pas de valeur esthétique. La fonctionnalité et la sécurité dominent. On peut dire qu'il s'agit des coulisses de la société de consommation. Il faut par exemple contourner l'entrée des centres commerciaux pour voir arriver les camions et leurs palettes dans les entrepôts.



B. Les espaces d'achats et de consommation.

Les espaces de consommation sont soit les espaces d'achat-vente (magasin), soit ceux d'utilisation (cybercafé, salle de jeu). Les espaces de consommation sont aussi bien les espaces privés de la maison que ceux publics (restaurant, banque, etc.). Au fond, tout espace est un espace de consommation de quelque chose. Dans mon lit, j'utilise ma literie ; dans ma salle de bain, je consomme mon savon (la consommation use plus rapidement que l'utilisation). Les espaces d'achat-vente permanents sont les marchés réguliers et les supermarchés. Il y a également les différents distributeurs automatiques ou les marchands ambulants, la vente à la sauvette ou la prostitution.

Par rapport au commerce traditionnel, le supermarché apparaît fortement mécanisé. L'accueil répond à une stratégie commerciale. La proximité ou la familiarité avec le client a laissé place à des protocoles artificiels (sourires forcés, jeux, cartes de fidélité, etc.). Le supermarché permet de rationaliser l'achat, en concentrant tous les biens sur un même site. L'atmosphère, bien que sophistiquée, reste au fond assez pauvre et superficielle. Les emballages multiples effacent l'odeur et la texture des produits. Les publicités criardes, l'atmosphère musicale étouffante, n'enrichissent pas les sensations mais sollicitent à outrance la vue et l'audition. La variété des stimulations sensuelles est devenue la quantité des sollicitations et des annonces. Un modèle unique et stéréotypé préside à ces espaces. Le rose et le bleu par exemple auront leur symbolique bien déterminée. D'un pays à l'autre, en dépit des différences culturelles, un modèle unique prédomine, dans la façon de présenter les produits, d'éclairer les espaces et d'organiser l'accueil.

L'individu dans la foule et le tumulte des espaces commerciaux obéit à un phénomène grégaire. Son esprit critique s'assoupit ce qui favorise l'achat compulsif. Le spectacle du commerce entraîne une ivresse sensorielle qui bouleverse notre état normal. Aujourd'hui, la foule paraît plus atomisée que les foules de l'entre deux guerre. Le comportement de l'individu isolé prime sur un comportement de masse. Même si l'action générale consiste à consommer, chacun a son comportement spécialisé. Le supermarché ne favorise pas le contact entre les individus. Ils sont canalisés par les rayons, en rang dans les files d'attente, guidés de l'automobile à la caisse enregistreuse.

On doit reconnaître une aseptisation des espace commerciaux par rapport aux temps anciens. Par exemple, l'expression «ventre de Paris», qui désignait les Halls, renvoie au champ lexical du tumulte perpétuel, de l'odeur forte des aliments, des animaux et des hommes mélangés, à toute une vitalité primordiale et archaïque, qui s’oppose au lisse, à l’aseptisé de nos temps postmodernes. L'espace commercial est un lieu privé moins libre que l'espace public. La place (agora, forum), à la fois réalité physique (urbs) et politique (civitas), perd en importance. Les espaces commerciaux deviennent les principaux lieux de socialisation, quand les places ne sont pas elles-mêmes transformées en espaces promotionnels.

Aujourd'hui, les centres commerciaux deviennent des places publiques. Le lieu commercial est par exemple le point de convergence de jeunes. Cette jeunesse vient voir et se faire voir dans l'espace symbolique de la société de consommation. Chacun est accessible à la perception de l’autre. On aime voir et se montrer, contempler la diversité. Les centres commerciaux, comme lieux forts de la vie urbaine, sont les référents obligés d'un espace de sociabilité juvénile qui offre à la fois la possibilité de se retrouver entre soi, de voir du monde, c'est-à-dire de côtoyer d'autres styles de jeunes et de se mélanger à d'autres classes d'âge et d'autres catégories sociales, à se mesurer à d’autres bandes. C'est un espace de rencontre et de drague, de consommation et d'accessibilité aux biens de consommation, qui participe à la construction d'une identité collective (Jamal Es samri http://www.airsdeparis.centrepompidou.fr/viewtopic.php?t=99).

Alors que les places publiques sont des lieux de spectacle improvisés où des artistes viennent se produire pour quelques pièces, dans les centres commerciaux, fortement contrôlés, l'événement n'est le fait que du commerce lui-même. Tout est organisé par la marque qui accueille les consommateurs. C'est pourquoi le commerce exerce une certaine police sur l'activité artistique et le partage du sensible. Ne sont autorisées que les manifestations commerciales organisées. On ne verra pas de vendeur à la sauvette, de musicien ambulant. Quant aux espaces publics eux-mêmes, ils se réduisent à des flux de circulation, dévolus notamment à la voiture. En même temps, la tendance à la patrimonialisation et la muséifications des lieux publics en fait des espaces surprotégés et artificiels. Ils deviennent des espaces semi-publics, juridiquement privés, et accessibles seulement à certaines conditions. Un phénomène d’apparence contradictoire illustre cette situation. C’est ce que le sociologue américain Mike Davis a appelé la symbiose esthético-sécuritaire. Elle consiste en, d’une part, une esthétisation à outrance et une spectacularisation des lieux centraux et, d’autre part, en une militarisation de l'espace (vidéosurveillance, dispositif anti-SDF). Les divers aménagements visent à éradiquer les marginaux.

On peut repérer différentes catégories d'usagers autorisés. Le flâneur est une personne souvent seule, qui déambule, regarde, se promène, passant d'une vitrine à l'autre. Le touriste fait partie d’un groupe. Les comportements mobiles, nonchalants et erratiques du touriste s’apparentent à ceux du flâneur, si ce n’est cet ahurissement, un peu béat et très groupé, qui caractérise le tourisme de masse. Le furtif est la personne qui se rend en un endroit précis et pour une activité précise. Une fois celle-ci réalisée, il s'en va aussitôt. C'est le cas notamment des clients de la Fnac. Le passager, homme des correspondances, est l'usager qui va d’un point à un autre. Chez ce dernier la mobilité prend des allures de froideur mécanique. Le style utilitariste, instrumental et pressé, est celui tant du furtif que du passager.



II. Les espaces événementiels

Un espace événementiel se distingue d'un espace quotidien. Ce qui s'y déroule n'a lieu qu'une fois. Certains lieux sont consacrés aux événements (salle de spectacles, parc d'exposition). D'autres se transforment pour l'occasion (rue). L'espace de commerce événementiel est distinct de l'espace permanent en ce que ce qu'il s'y passe est toujours nouveau, unique, imprévu. Dans l'espace permanent, au contraire, je peux inscrire ma routine. Par exemple, j'achèterai toujours mon journal au même endroit. J'y ai mes habitudes.

L'espace événementiel macroscopique est un grand événement (concert, exposition, festival, parc expo). Il suppose une grande organisation, des dispositifs de sécurité et une campagne de communication. On peut dire que l'organisation des jeux olympiques participe d'un événement gigantesque. La fête nationale du 14 juillet également, même si elle est moins commerciale. La fête de Noël est un événement culturel mais aussi commercial. On se rend compte que bien des événements sont en fait des habitudes lentes. L'essentiel est qu'il y ait assez d'écart pour permettre la surprise et la rupture par rapport au régime normal de l'existence.

L'espace événementiel microscopique est un petit événement compris dans les espaces permanents. Cela va de l'alerte ponctuelle sur un emballage, de la présentation du produit, du renouvellement des soldes, des promotions, aux aménagements liés aux différentes fêtes du calendrier. Le micro-événement n'est pas nécessairement commercial (un bagarre, des enfants jouant, etc.). Mais il faut avouer que le commerce sait les capter ou les créer (file d'attente, crieur, Barnum). Insister sur les micro-événements, c'est lutter contre la mécanisation du quotidien (Henry Lefebve, Abraham Moles). Mais les micro-événements s'inscrivent sur un fond familier. Les micro-événements sont plus facilement présents dans les espaces permanents et servent en quelque sorte à leur donner vie. C'est pourquoi le marketing développe ceux-ci. Ils permettent de dynamiser les ventes et d'introduire de nouvelles habitudes de consommation. Ainsi un micro événement attirera l'attention sur un nouveau produit, éventuellement en donnant quelques échantillons.



A. L'événement artistique

Des lieux existent destinés au commerce occasionnel. Ce peut-être un parc d'exposition, une place de marché, un parking etc. Cette dimension occasionnelle nous amène à réfléchir au rapport entre commerce et spectacle ou entre le commerce et l'art. Le magasin est déjà proche de l'art en ce qu'il emprunte au musée le fait de mettre en valeur des produits. La vitrine se retrouve dans les boutiques comme dans les lieux d'exposition. Le marketing, dans les parcs d'exposition, emprunte surtout au concerts, au festivals, à l'exposition temporaire. Le commerce emprunte à l'art ses méthodes spectaculaires. De plus, bien souvent, l'art est lui-même une activité commerciale. Seulement, le spectacle commercial n'a pas nécessairement la même finalité que le spectacle artistique. L'art et le commerce ne se confondent pas. On oppose art et commerce dans la mesure où le beau et l'utile, l'esthétique et l'économique, la contemplation et l'action sont séparés. Bien évidemment, l'activité esthétique a un fondement économique. Il faut un minimum de temps et d'argent pour faire ou voir de l'art. Mais l'art est sensé se tenir à distance de l'économie, en des sphères plus éthérées. L'art n'appartient pas au système des besoins quotidiens. Il possède un caractère sacré. La consommation participe de l'éphémère de la disparition alors que l'art appelle sa conservation dans les musées.

Le spectacle artistique possède une dimension esthétique. Il nous implique dans une expérience extraordinaire. L'événement s'apparente à un rituel, différent des gestes de la vie quotidienne. L'art nourrit notre désir de sortir du quotidien. L'événement, la surprise, l'émotion, la sensation inédite, sont des phénomènes nécessaires à l'être humain pour se sentir exister. Cela suppose d'ailleurs la présence d'autrui. Il s'agit de partager l'événement, lequel rythme alors aussi bien la vie personnelle que sociale. Bien souvent, d'ailleurs, c'est la vie sociale qui introduit le rythme dans la vie personnelle qui autrement resterait trop lisse. Notre calendrier est ponctué de fêtes et d'anniversaires durant lesquels les artistes ont carte blanche. Dans la semaine, le samedi soir est jour de fête et de défoulement. On dîne, on sort. On s'autorise les excès qu'on s'interdit la semaine. Le spectacle correspond donc un moment d'excès et de dépense opposé à l'économie raisonnable de la vie quotidienne.

Par rapport à la routine, l'événement spectaculaire n'a lieu qu'une fois (ou un certain nombre de fois, comme une tournée, mais il est à chaque fois différent, même si les grands groupes tendent à limiter l'écart par rapport à l'album enregistré). Le spectacle vaut donc par son actualité et son exception. Il y a un caractère valorisant à être le premier à voir un spectacle, comme il y en a à être sur place. On peut alors dire "j'y étais". C'est ce qui fait la force du spectacle vivant. Ainsi, le spectacle enregistré et l'activité régulière ne sauraient faire disparaître l'événement in situ. Il s'agit d'un rapport à l'espace et au temps précieux. Un lieu unique et un temps unique ont un prix. L'art vivant a donc ce rôle de nous pourvoir en unicité. Il y a des lieux consacrés aux événements, comme les stades, les places ou les parcs.

Ce qui caractérise l'événement commercial est qu'il s'inscrit dans une stratégie économique. En ce sens, beaucoup d'événements artistiques sont en même temps commerciaux. Mais l'événement proprement commercial ne consiste pas principalement en une expérience esthétique. Il s'agit moins de toucher les gens pour toucher les gens que de le faire pour les faire acheter. Aujourd'hui, toutes les manifestations ont une visée commerciale. Un vernissage d'artiste, un concert, vise la réussite du dit artiste. Ce que l'artiste cherche, c'est la reconnaissance, qui est une garantie sociale et économique. La question est donc de savoir si c'est l'expérience esthétique ou le gain commercial qui est prioritaire. Si l'on fait quelque chose d'artistique pour l'argent, on a une démarche commerciale. Mais si l'argent devient un élément de la démarche artistique, alors on peut encore parler d'art.

Le commerce exerce une influence. Il est organisé en vue de la consommation. Si l'art vise une expérience avec des vertus pédagogiques, le commerce attend de l'expérience qu'elle persuade de dépenser son argent. On retrouve la distinction entre convaincre et persuader. Convaincre c'est enseigner aux autres la vérité en usant des bons arguments. Persuader, au contraire, c'est influencer l'opinion d'autrui par des moyens rhétoriques. Convaincre c'est défendre l'éthique, dans la mesure où vérité et justice sont liés. Inversement, le mensonge est injuste. La persuasion commerciale vise en outre un achat individuel. Elle se soucie peu du bien être commun. Il arrive que l'on propose des produits qui ont un impact positif sur la société. Heureusement, l'intérêt du vendeur et du consommateur se rejoignent parfois réellement.

Un question importante en esthétique est de s'interroger sur la récupération de l'art par le commerce. Cette question fut abondamment analysée par les philosophes contemporains (Ecole de Frankfort). Des artistes tels que Warhol ont également travaillé là dessus. Par exemple, la performance (Paul Ardenne)est récupérée par le marketing qui crée des événements surprenants dans la rue sur le modèle du happening (flash mob). Là où l'art est absent, le commerce peut monter des opération événementielles. Ainsi on observe parfois un remplacement de l'art par l'activité commerciale, tandis que l'art perd sa fonction esthétique première. L'art n'est plus pourvoyeur de fééries. Il s'apparente à la recherche. C'est le design et le marketing qui sont aujourd'hui intéressés par les questions esthétiques alors que les artistes se retrouvent dans des problématiques éthiques et sociales.



B. L'événement commercial

Le terme "exposition" est commun aux univers de l'art et du commerce. Ce mot désigne l'action de disposer de manière à mettre en vue un ensemble d'objets. L'action de présenter dans un lieu public des écrits, des objets ou des images obscènes ou contraires aux bonnes mœurs pour les mettre en vente s'appelait exposition. L'exposition du Saint Sacrement, de reliques ou la cérémonie consistant à présenter une hostie, des reliques pour qu'elles soient vénérées des fidèles appartiennent encore à un autre genre. Aujourd'hui, le terme désigne la présentation publique, pour une durée déterminée en un certain lieu, de produits agricoles, manufacturés ou d'œuvres d'art. Les expositions industrielles mettent la clientèle au courant des dernières réalisations. Les exposition internationales, universelles, ou coloniale sont apparues au XIXe. Dans le commerce, l'exposition est la mise en vente à des prix spéciaux d'une grande quantité d'articles dans les grands magasins. "Le Bonheur des dames inaugurait ses magasins neufs par la grande exposition des nouveautés d'été, qui devait durer trois jours" (Zola, Au Bonheur des dames, 1883, p. 611). L'exposition peut être en plein air, itinérante, temporaire, commémorative, rétrospective, en salle, sur un stand, en vitrine, etc.

Les lieux d'expositions sont fortement contrôlés. Le parc d’exposition constitue un ensemble immobilier clos indépendant. La clôture d'un parc d'exposition doit être infranchissable par les visiteurs à l’exception d’accès prévus à cet effet permettant le contrôle de leurs titres d’accès, en permanence ou dans les périodes où se tiennent les manifestations commerciales. Il s'agit donc d'un lieu commercial particulièrement contrôlé, à la différence des magasins libres d'accès. Toutefois, les magasins restent sous surveillance et des vigiles sont susceptibles d'intervenir s'il y a le moindre incident. De la même manière, les lieux culturels sont contrôlés. L'entrée des concerts est sélective. L'entrée est parfois libre. La ville musée est accessible, mais reste sous la vigilance de la sécurité et des caméras.

Le contrôle repose également sur une sélection entre le personnel et les visiteurs ou le public. Est considéré comme visiteur, dans la réglementation des foires et salons, toute personne physique qui accède à la manifestation commerciale au cours de ses heures officielles d’ouverture en présentant au contrôle soit un ticket ou une carte justifiant de son paiement, soit une carte d’invitation munie d’un talon de contrôle numéroté. Un journaliste est comptabilisé comme un visiteur. Le personnel du parc d’exposition, de l’organisateur de la manifestation ou des exposants ainsi que de leurs prestataires de service n’est pas comptabilisé comme visiteur. On retrouve dans cette différenciation celle qui existe entre spectateurs, artistes et techniciens, avec une gestion précise et disciplinée des places et des statuts (tarifs, coulisses, espaces vip).

Parmi les manifestations commerciales, on distingue les salons d'un côté et les foires et braderies de l'autre. Une manifestation commerciale en général est un groupement d'opérateurs économiques exposant d'une façon collective et temporaire des biens ou des offres de services. Le salon s'adresse aux professionnels alors que les foires et braderies sont plus ouverts. Le salon est une grande exposition, généralement annuelle, où sont présentés les produits d'une branche particulière de l'industrie ou du commerce (salon nautique, de l'automobile, de l'aviation, de l'enfance, des antiquaires, des arts ménagers, du livre). En 1909, par exemple, le Grand Palais abritait le Premier Salon International de la Locomotion Aérienne.

A l'intérieur d'un parc d'exposition ou de la galerie marchande, on trouve des stands qui correspondent à différents vendeurs. Chaque représentant a son propre espace. De même, dans les marchés ou les rues commerçantes, les différents vendeurs ont différents espaces avec des univers différents. On a bien souvent une série aléatoire de modules sans relations. On voit dans l'art une telle juxtaposition. On peut songer aux tableaux d'une galerie ou aux différentes scènes dans les festivals, aux livres et au disques dans les rayons d'une étagère ou aux salles de cinéma dans les grandes surfaces.

L’information publiée concernant les parcs d’exposition et les organisateurs de salons professionnels indique notamment la dénomination, le thème, le lieu, les dates des manifestations prévues dans le programme annuel du parc d’exposition. De la même manière, les spectacles sont couverts par une diffusion médiatique pour annoncer l'événement ou le commenter. L'événement est toujours accompagné d'affiches, de tracts, d'articles. C'est d'ailleurs cette production qui contribue à faire l'événement.



III. Les espaces virtuels

L'espace virtuel est celui des affiches et des écrans. Dominé par l'image, il accompagne les espaces réels. Aujourd'hui, les supports de communication sont nombreux (affiches dans les rues, spots dans les médias, annoncent dans les journaux, sur internet, branding) et pénètrent l'espace privé aussi bien que public.



A. Médias statiques ou dynamiques

Les espaces virtuels statiques sont les affiches, les pancartes, les emballages. Ils informent de l'événement et lui donnent une plus grande portée. Ils ont une grande pénétration. On les retrouve dans l'espace privé ou sur le moindre objet parfois sous forme de logo ou de nom. L'image statique est cependant déplaçable de son support. Les affiches dans la rue restent une période et disparaissent pour laisser place à d'autres, comme une succession ralentie d'images incohérentes comparables à celles d'un film expérimental. Avec les hommes sandwichs, ou les publicités sur les autobus, on assiste également au déplacement d'images statiques.

Les espaces dynamiques sont ceux des objets temporels audio-visuels (films publicitaires, Jingle). Ils accompagnent l'événement mais font aussi événement par leur caractère animé. Ils supposent une infrastructure technologique (cinéma, vidéo, audio). A mesure que les appareils multimédias sont plus accessibles, ces supports sont plus répandus. On retrouve la publicité sur les téléphones portables. Bernard Stiegler souligne leur capacité à se substituer au flux de la pensée. Si le livre est statique et donc ne contraint pas ma vie intentionnelle, le film ou la bande-son m'obligent à suivre l'ordre prescrit et le temps imparti. Le rythme est imposé de l'extérieur. De plus, l'effet de réel induit par les objets temporels les rend plus séduisants, et même envoutants. La performance dramatique de l'orateur Hitler à la radio, par exemple, a joué un rôle important dans la manipulation de l'opinion allemande.



B. Histoire de la publicité et de la propagande

La publicité dans l'antiquité et le moyen-âge existait sous forme de cris, d'enseignes, d'inscriptions murales, d'écriteaux et d'affiches. A la Renaissance, l'imprimerie permit l'apparition d'affiches, de prospectus et de réclames. Lors des pestes du XVII et XVIIIe, on réussit à vendre grâce à elle diverses potions. Les journaux et affiches se multiplièrent. Du XVII au XIXe siècle, la publicité (de publicus, le peuple ou l'Etat) signifiait surtout rendre public. En 1829, elle signifie faire vendre un produit commercial, mais aussi populariser, vulgariser, faire gagner une cause, emporter l'assentiment, motiver l'acte d'achat. Au XIXe, se développent les agences et l'art publicitaire (Toulouse Lautrec, Mucha, etc.). Au XXe, apparurent de nouveaux médias (radio, ciné, luminaires, télévision, internet). Les agences se développèrent. Elles servent encore aujourd'hui d'intermédiaire entre l'annonceur et les supports. Une campagne commence par un budget de l'annonceur, puis continue avec une étude des cibles, une synchronisation des médias et des canaux. Il s'agit d'un investissement en vue de consolider une image et de stimuler la demande. Les supports sont très variés : radio, télévision, enseignes, panonceaux, banderoles, étalages, cadeaux, réclames, presse, boîtes aux lettres etc.

La publicité se base sur l'étude de la perception physio-psychologique et sur la sémiologie. On convoque la biologie, la psychologie, la sociologie, la linguistique, la sémiologie etc. On cherche généralement à frapper la mémoire le plus efficacement et souvent insidieusement. Il s'agit d'attirer l'attention, d'éveiller l'intérêt et le désir et de provoquer l'acte d'achat ou le vote. Pour cela, on utilise des significations agréables, des archétypes et des stéréotypes (mythes), en visant la déculpabilisation du consommateur. On distingue différents mobiles pour l'acte d'achat ou d'adhésion : rationnels (information, participation, économie, sécurité, service, santé) ou hédonistes (liberté, facilité, plaisir, évasion, rire) ; nostalgiques (retour aux racines, à la nature) ou futuristes (progrès, technologie, puissance) ; conformistes (certitude, sécurité, identification) ou anticonformistes (originalité, personnalité, extravagance).

La propagande se distingue de la publicité par son caractère politique plutôt qu'économique. Elle vise le vote plutôt que l'acte d'achat. Mais les outils sont communs et le savoir-faire en matière de propagande est transposable à la publicité. La propagande fut d'abord un outil des missionnaires puis de l'Etat. Elle utilise la rhétorique, le stratagème, la séduction et la diabolisation. Le mot connote le mensonge ou la déformation. Les précurseurs modernes sont Le Bon et Freud pour la psychologie des foules, Pavlov pour les réflexes conditionnés, suivit de Watson pour les mécanismes comportementaux, Bernays pour la manipulation psychologique ; on peut citer aussi l'influence de Lippman, Reich, Tchakhotine, Packard, etc.

Le terme "propagande" apparut en 1689 pour désigner la propagation de la foi chrétienne. Le mot propager, aujourd'hui lié à l'espace, vient de propagare signifiant perpétuer dans le temps. En 1792, il prit un sens politique, celui de propager une idéologie. Jusqu'au XVe, la propagande relevait exclusivement de l'église et de l'Etat, à travers des architectures prestigieuses (pyramides, temples) ou des objets (vitraux, sculptures). De la Renaissance à la Révolution, se développa l'imprimerie utilisée lors de la Réforme (XVI) et la Fronde (XVII). Elle servit à imprimer des pamphlets et des libelles au XVIII (Voltaire, l'affaire Callas), des affiches religieuses, de recrutement de soldat ou pour la police. Pendant la révolution française, on retrouve des imprimés lors des fêtes civiques, dans les journaux avec des caricatures. Jusqu'à la première guerre, on trouve des lithographies ou des images d'Épinal destinées à moraliser la société. Puis les imprimés servirent les Etats et furent accompagnés de la radio et du cinéma.



Conclusion

On a donc détaillé les différents types d'espaces commerciaux : les lieux permanents de production, de diffusion et de vente, les lieux ponctuels et enfin les médias. Ce qui frappe bien sûr c'est l'étendue de l'espace commercial qui pénètre au plus profond de l'espace privé, dans nos domiciles et dans notre esprit. Il est également omniprésent dans la vie publique. Les espaces religieux, politiques, éducatifs etc. où le commerce est absent sont de plus en plus rares. Que penser de cette présence ? Les plus pessimistes voient là la preuve d'une forme de totalitarisme capitaliste transformant l'homme en machine à consommer. Plus optimiste serait une vision qui montrerait que ce système améliore au moins partiellement notre niveau de vie, voire aboutit à de nouvelles formes de vies. En effet, nous devons élaborer des tactiques individuelles pour agir au travers du dispositif commercial. Nous détournons la publicité, finançons grâce à elle nos nouveaux médias et utilisons les espaces commerciaux comme lieux publics.. De plus, les usagers développent une attitude moins docile et plus exigeante. Il reste qu'il y a une tension entre les dimensions commerciales et sociales de l'espace et que la défense d'une économie sociale et solidaire, en contre point de l'économie productiviste, reste nécessaire.











COMMERCIAL SPACE



We live in an era of globalized economy and market exchange. The consumer society is dominated by relations of buying and sale. Marketing has acquired an important place in our lives through advertising. Power of Religion and State competes hard with business. This market expansion, with industrial development, resulting in a multitude of areas related to trade. We would like to describe these spaces and show their specificity. We ask what they have in common in order to determine what commercial space is and its evolution in relation to other areas such as private space or public space.



I. The permanent spaces

Permanent commercial spaces are distinguished in principle from the school, town hall, church or home. In a city, it is the most popular : cafes, restaurants, shops, banks etc. These are structural areas, stable, normal. A shopping arcade, a grocer and somehow a remote service or a firm are fixed spaces, with regular hours. Production sites are fixed too, even if there is relocation of production and sales fairly common today. One can also consider distribution channels as areas related to trade.



A. Spaces of production and distribution.

Some spaces are devoted to production of goods and services. These range from mines and fields in primary sector, manufacturing and factories in secondary sector, to offices of the service sector. We must be sensitive to environmental and social issues in these areas. Many critics are made concerning conditions of mechanized work, scientific organization of the rhythm, right of workers, protection of employees, as well as environment and people close to production sites. We find line work in service sector, in call centers or administrations. Many types of electronic controls or spatial discipline workplace. In a sense, drudgery has been reduced by improving tools and reduction of working time. But we must be attentive to new pollution (toxic products, computerized control of workers, etc.). Production areas are often away from city centers, industrial areas and rural areas. They are easily accessible and well controlled.

One does not enter into a factory as he will for safety reasons. Production areas are protected from intruders for security reasons. These highly mechanized areas can be rapidly dangerous.

Production equipment is well guarded, like industrial secrets. Note also that, from an aesthetic point of view, production sites are often unwelcoming.

The scales are sometimes excessive and no effort is made to save landscape : concrete, tar, steel grilles, smoke usually dominate.

Traffic is disciplined, sound of machines and smell of products can be invasive.

Surgery is both a place of production and consumption. Restaurant also combines the two. But for products, it is rare today that a craftsman works on site. He was replaced by workers away from the sales area, which requires logistic and traceability of goods. Distribution consumes space and energy. It lies between production and consumption activities and consists of transport and storage.

Distribution Spaces are roads, hangars, that is to say "non-places" (Marc Augé). They are very problematic as they pose different environmental problems (airports, highways etc.). Such as places of production, spaces of distribution are far from living areas. They have no aesthetic value. Functionality and security prevail. We can say that these are the scenes of the consumer society. for example One have to by-pass of entrance of shopping centers to see trucks and pallets in warehouses.



B. Areas of purchasing and consumption.

Spaces of consumption are either areas of buying and sale (shop), ore of use (internet cafe, games room). Spaces of consumption are both private and public spaces (restaurant, bank, etc.).. Basically, any space is a space of consumption of something. In my bed, I use my bedding, and in my bathroom, I consume my soap (consumption use faster than utilization).

Areas of permanent purchase and sale are regular market and supermarkets. There are also various vending machines or vendors, illegally sale or prostitution.

Compared to traditional commerce, the supermarket is highly mechanized. The host responds to a business strategy. Proximity or familiarity with the client has given way to artificial protocols (forced smiles, games, loyalty cards, etc.). Supermarket can streamline purchase, by concentrating all property on the same site. Atmosphere, although sophisticated, is still quite poor and superficial. Packs erases smell and texture of products.

Garish advertisements, stifling musical atmosphere, do not enrich sensations but seeks excessively sight and hearing. Variety of sensual stimulation has become number of appeals and advertisements. A unique and stereotyped pattern determine these spaces. Pink and blue for example will have their symbolic rigorously definite. From one country to another, despite cultural differences, a single model predominates in the way of presenting products, illuminating spaces and organizing reception.

Individual in crowd and tumult of commercial spaces follows a herd phenomenon. Asleep critical thinking promotes compulsive buying. Show trade leads to sensory intoxication which disrupt our normal state.

Today, crowd seems more fragmented than crowds of the middle of the twentieth century. The behavior of the isolated individual prevails over mass behavior. Although overall action is to consume, each has its special behavior. Supermarket does not promote contact between individuals. They are channeled by shelves, in a row in the queue, guided from car to cash register.

We must recognize a sanitizing of commercial spaces compared to ancient times. For example, the term "belly of Paris", which meant the Halls of Chatelet, refers to lexical field of perpetual turmoil, strong smells of food, animals and men mixed in a primordial and archaic vitality, which is different from smooth and sanitized of our postmodern times.

Commercial space is a private place less free than public space. The place (agora, forum), both physical (urbs) and political (civitas), loses importance.

Commercial spaces are becoming the main places of socialization, when places are not themselves transformed into promotional areas.

Today, malls become public places. Commercial places is for example focal point for young people. Youth come to see and be seen in the symbolic space of consumer society.

Each is accessible to perception of other. We love to see and show ourself, to contemplate diversity. Shopping centers, as important places of city life, are required referents of an area of ​​juvenile sociability, wich offers opportunity to get together, to see the world, that is to say mix with other styles of young people and to mix with other age groups and other social categories and to compete with other bands. It's a place to meet and flirt, for consumption and access to consumer goods, which participates in construction of a collective identity (Jamal Are samri http://www.airsdeparis.centrepompidou.fr/viewtopic. php? t = 99).

While public places are places of improvised show where artists come to perform for a few coins, in shopping centers, highly controlled, event is only on trade initiative.

Everything is organized by the brand which receive consumers welcome. This is why trade exert authority on artistic activity and distribution of the sensible. Only organized trade events are allowed. We will not see street vendors, street musicians. As for public spaces themselves, they are reduced to traffic flows devolved to the car.

At the same time, the trend of heritage value and museification of public places make them over-protected and artificial areas.

They become semi-public spaces, legaly private, and accessible only under certain conditions. A seemingly contradictory phenomenon illustrates this situation.

This is what the American sociologist Mike Davis called securitary-aesthetical symbiosis. It consists in, on the one hand, an excessive aestheticization and spectacularization of central places and, on the other hand, a militarization of space (CCTV, anti-homeless).

Various planning aim for eradicating the marginalized.

We can identify different categories of authorized users. The stroller is a often alone person, who looks, walks from one window to another. Tourist is part of a group. Mobile, erratic and careless behavior of tourists are similar to those of the stroller, except this amazement, a little smug and highly clustered, which characterizes mass tourism.

The furtive is the person who goes to a specific location and for specific activity. Once it is made, it goes away. This is particularly true of customers of Fnac. The passenger, a man of connections, is the user who goes from one point to another. For him, mobility looks cold and mechanical. Utilitarian, instrumental and hurried style is the one of both the furtive and the passenger.



II. Event Spaces

Event space is distinguished from daily space. Which takes place only happen once. Some sites are devoted to events (concert hall, exhibition center). Others are transformed for the occasion (street). Space of commercial event is separate from permanent space in that sense that what is happening is always new, unique, unexpected. On the contrary, I have my habits in permanent space.

For example, I always buy my newspaper in the same place.

Macroscopic event space is a big event (concert, exhibition, festival, exhibition ground). It assumes a large organization, safety devices and a communications campaign. We can say that Olympic Games' organization is part of a huge event. National Day of July 14th as well, although it is less commercial. The Christmas party is a cultural event but also commercial. We realize that many events are in fact slow habits. The main thing is that there is enough interval to allow surprise and break from normal existence.

Microscopic event space is a small event included in permanent spaces.

This goes from occasional alert on packaging, presentation of the product, renewal of the sales, promotions, to celebrations. Micro-event is not necessarily commercial (a fight, children playing, etc.).

But we must admit that trade knows how to use or create it (queue, crier, Barnum). Emphasize micro-events is to fight against mechanization of daily life (Henry Lefebvre, Abraham Moles). But micro-events are part of familiar background. Micro-events are more easily found in permanent spaces and serve in some way to give them life.

That's why marketing is developing them. They enable to boost sales and to introduce new habits. Thus a micro event will draw attention to a new product, possibly by giving some samples.



A. Art event

Places are available for occasional trade. This may be an exhibition center, a marketplace, a parking etc.. This occasionally dimension leads us to think about relation between trade and show or between commerce and art. Store is already close to art in that it borrows from museum emphasizing of products.

Showcase can be found in shops and in exhibition spaces. Marketing, in exhibition parks, borrows from concerts, festivals, temporary exhibition.

Trade borrows its spectacular methods from art. Moreover, in many cases, art is itself a commercial activity. But show business does not necessarily have the same purpose as artistic performance. Art and commerce are not confused.

Art and commerce are opposed in that sens that beauty and utility, aesthetic and economic, contemplation and action are separated.

Of course, aesthetic activity has an economic basis. We need a minimum of time and money to make or see art.

But art is supposed to stay away from the economy, in more ethereal spheres. Art doesn't belong to daily needs' systeme. It is sacred.

Consumption is part of ephemeral, while disappearance of art require its conservation in museums.

Show has an aesthetic dimension. It involve us into an extraordinary experience.

Event is like a ritual, different from gestures of everyday life. Art feeds our desire to escape from everyday life.

Event, surprise, emotion, new sensation, are necessary phenomena for human beings to feel exist.

This implies also presence of others.

The question is to share event, which then rhythm personal life as well as social life.

In fact, social life introduces social rhythm in personal life wich otherwise would remain too smooth.

Our calendar is punctuated with feasts and anniversaries during which artists have a free hand. During the week, Saturday night is day of celebration and emotional release. We have dinner, we go out. We allows ourself forbid excesses of the week. Thus show show is time of excess and spend opposed to reasonable economy of everyday life.

Compared to routine, spectacular event only happen once (or a few times as a tour, but it is every time different, even if large groups tend to limit the gap with recorded album).

The merit of show is its topicality and its exception. There is an attractive aspect to be the first to see a show, as there is one to be there.

Then we can say "I was there." This is the strength of performing arts.

Thus, recorded show and regular activity can not remove in situ event.

It is related to valuable space and time. A unique and a single time have a price. Living art has this role to bring us uniqueness.

There are places devoted to events, such as stadiums, places or parks.

What characterizes trade event is that it is part of an economic strategy.

In this sense, many artistic events are at the same time commercial.

But commercial event itself is not primarily an aesthetic experience.

The point is not to touch people just to touch people, but to do it to make them buying. Today, all events have a commercial intent.

An artistic inauguration, a concert, aim for success of artist. What artist seeks is acknowledgment, which is a social and economic guarantee. The question is to know if priority is aesthetic experience or commercial gain.

If we do something artistic for money, we have a commercial approach. But if money becomes part of artistic process, then we can still talk about art.

Trade have an influence. It is organized for consumption.

If art aims for experience with educational value, on the other hand trade expects experience to persuaded to spend money. We find distinction between convince and persuade. Convince it to teach others truth through with good arguments, however persuaded is influencing opinions of others by rhetorical means.

Convince is to defend ethics, because truth and justice are connected. Conversely, lying is unfair. Commercial persuasion aims for individual purchase. It does not care about common welfare.

Sometimes products have a positive impact on society. Fortunately, seller's and consumer's interest may go together well.

An important issue in aesthetics is to consider trade appropriation of art.

This issue was thoroughly discussed by contemporary philosophers (Frankfurt School). Artists such as Warhol also worked on it.

For example, performance (Paul Ardenne) is appropriated by marketing wich creates surprising events in the street as happening does (flash mob). Where art is absent, trade may organized marketing events. Thus sometime business stand for art, while art loses its first aesthetic function.

Art is not more source of enchantment. It is more similar to research. This is design and marketing that are now interested in aesthetic issues while artists get involved in ethical and social issues.



B. Trade event

The word "exposure" is common to worlds of art and commerce. This word means the act of putting in order a set of objects. Showing in public obscene and indecent writings, objects, pictures to sale sell was called "exposition" in french.

Presentation of Blessed Sacrament, relics, or ceremony of presenting host, relics for veneration belong to another is another kind of exposition.

Today the word refers to public presentation in a place, during a given period, of agricultural or manufactured products, or works of art.

Industrial exhibitions inform customers about recent constructions. International, universal, or colonial exhibitions emerged in the nineteenth.

In trade, exhibition sales at special prices a large quantity of items in department stores. "The Ladies' Paradise opened new stores with the major exhibition of summer novelty, which lasted three days" (Zola, Au Bonheur des Dames, 1883, p. 611).

Exposure can be outdoors, traveling, temporary, commemorative, retrospective, indoors, on a stand, showcase, etc..

The exhibition spaces are highly controlled. Exhibition center is an independent and closed property. Closing of an exhibition center must be impassable by visitors except provided access to control tickets, permanently or during periods when business events are held.

So this is a place of business particularly controlled, unlike open stores with open access.

However, stores remain under controle and security guards are likely to interfer if there is any incident. Similarly, cultural places are controlled. concert entrances are selective. Sometime entrance is free. Museum city is accessible, but remains under the watchful eye of security and cameras .

Control is also based on a selection between staff and visitors. Is considered as visitor, in the regulation of fairs, any individual who accesses trade event during its official opening hours by submitting to the control a ticket or a card proving his payment or an invitation card provided with a control number.

A journalist is recognized as a visitor. Exhibition park's staff, organizer of the event or exhibitors and their service providers are not recognized as visitors.

This differentiation is similar to one of spectators, artists and technicians, with a precise and disciplined management of places and status (rates, backstage, VIP areas).

Among trade events, there is shows on one side and fairs and street markets on the other side.

Trade event is usually a temporary group of economic operators exponent of goods or service.

Show is designed for professionals as fairs and street markets are more open. Show is a large exhibition, usually annually, which outlines products of a particular branch of industry or commerce (boat show, automotive, aviation, childhood, antique dealers, domestic arts, books).

In 1909, for example, the Grand Palais housed the First International Exhibition of Aerial Locomotion.

Within an exhibition park or a mall, there are stands which match different sellers.

Each one has his own space. Similarly, in markets or shopping areas, different sellers have different areas with different worlds.

It was often a random series of unrelated modules.

We see such juxtaposition in art. One can think of the paintings in a gallery, different scenes at festivals, books and records in shelves, or movie theaters in supermarkets.

Published information about exhibitions and organizers of trade shows including name, thematic, location, dates of events planned in the annual exhibition park.

Similarly, artictic shows are covered by a media release announcing or commenting event. Event always goes with posters, leaflets, articles. This production contributes to event.



III. Virtual spaces

Virtual space is one of posters and screens. Dominated by image, it goes with real spaces.

Today, there are many communication media (posters in streets, spots in media, announced in newspapers, internet, branding) and enter private area as well as public.



A. Static and dynamic media

Virtual spaces are static posters, placards, packaging. They inform about event and give it a longer range. They have great penetration.

They are found in private area or on ​any object, sometimes in the form of logo or name.

However, static image can be moved from its support. Posters in the street remain a time and disappear to make room for others,

such as a slow succession of incoherent images comparable to those of an experimental film.

Sandwich men, or advertisements on buses, give also movement to static images.

Dynamic spaces are those of the audio-visual temporal objects (commercial films, Jingles). They go with event, but are events too because because of their moving aspect. They need technological infrastructure (film, video, audio).

As the multimedia devices are more accessible, these supports are more common. There are advertising on mobile phones. Bernard Stiegler emphasizes their ability to replace stream of thought. If the book is static and therefore does not force my intentional life, film or soundtrack force me to follow the order and time limit prescribed. Rhythm is imposed from outside.

In addition, the effect of real induced by temporal objects makes them more attractive, even bewitching. Dramatic performance of Hitler the speaker on radio, for example, played an important role in manipulation of public opinion in Germany.



B. History of advertising and propaganda

Advertising in antiquity and the Middle Ages were in the form of shouts, signs, wall inscriptions, placards and posters. During the Renaissance, printing press allowed emergence of posters, flyers and advertisements. During plagues of the seventeenth and eighteenth, we managed to sell various potions through it. Newspapers and posters increased. From seventeenth to the nineteenth century, advertising ("publicus" means of the people or the State) meant primarily to make public. In 1829, it means to sell a commercial product, but also popularize, disseminate, to win a case, take the consent, motivate purchase. In the nineteenth, agencies and commercial art were developed (Toulouse Lautrec, Mucha, etc.). In the twentieth, new media appeared (radio, film, lighting, television, internet). Agencies were developed.

They still serve as an intermediary between advertiser and media. A campaign begins with a budget of the advertiser, then continues with a review of targets, synchronization of media and channels.

This is an investment in order to consolidate an image and stimulate demand. Media are very different : radio, television, signs, billboards, banners, displays, gifts, advertisements, newspapers, mailboxes etc..

Advertising is based on the study of physiological and psychological perception and semiotics. We use biology, psychology, sociology, linguistics, semiotics etc.. We usually try to strike memory more efficiently and often insidiously.

This is to attract attention, arouse interest and desire and cause the act of purchase or vote.

For this, we use pleasant meanings, archetypes and stereotypes (myths), and remove guilt in the consumer.

There are different reasons to purchase or subscribe to something : rational (information, participation, economy, safety, service, health) or hedonistic (freedom, ease, pleasure, escape, laugh) ; nostalgic (return to roots , nature) or futuristic (progress, technology, power) ; conformist (certainty, security, identification) or nonconformist (originality, personality, extravagance).

Propaganda is distinguished from advertising by its political aspect rather than economical. It aims vote rather than purchase. But tools are common and know-how propaganda can be applied to advertising. Propaganda was primarily a tool of missionaries and states. It uses rhetoric, ploy, seduction and demonization.

The word connotes lie or distortion. Modern precursors are Le Bon and Freud for psychology of crowds, Pavlov for the conditioned reflexes, Watson for behavioral mechanisms, Bernays for manipulation. There's also the influence of Lippman, Reich, Tchakhotine, Packard, and so on.

The word "propaganda" appeared in 1689 to describe propagation of the Christian faith. The word "propager" in french (spread), now connected to space, meant perpetuating over time.

In 1792, it took a political sense : spread of an ideology. Until the fifteenth, propaganda concerned exclusively church and state, through prestigious architecture (pyramids, temples) and objects (stain glass windows, sculptures). From the Renaissance to the Revolution, printing press developed and was used in the Reformation (XVI) and the Fronde (XVII). It was used to print pamphlets and libels in the eighteenth (Voltaire, the case Callas), religious posters, recruitment of soldiers, or police.

During the French Revolution, there were printed at the civic festivals, newspaper with caricature.

Until the First World War, there were prints or images of Epinal for moralizing society. Then printed served states and went with radio and film.



Conclusion

So we detailed different types of commercial spaces : permanent places of production, distribution and sales, occasional places and finally media. What is striking of course is the extent of commercial space which deeply penetrates within the private space in our homes and in our mind. It is also pervasive in public. Religious, political, educational, etc. spaces where trade is absent are increasingly rare. What about that presence ? The most pessimistic see here the evidence of a form of totalitarian capitalism transforming man in eating machine.

A more optimistic vision would show that this system at least partially improves our standard of living, even leading to new forms of life.

Indeed, we must develop individual tactics to act through the commercial devices.

We divert advertising, finance with it our new media and use commercial spaces as public places.

LA COMPAGNIE DES ANIMAUX /THE COMPANY OF ANIMALS

Les animaux de compagnie sont très répandus dans les foyers aujourd'hui et leur présence constitue pour beaucoup leur principale expérience de la nature. Il y 45 millions d'animaux de compagnie en France. Nous sommes les seconds au monde après les Etats-unis à en posséder autant. Les animaux de compagnie font l'objet de soins et de délicatesses qui dépareillent avec le traitement infligé à l'animal d'élevage dans l'industrie alimentaire. Notre rapport à l'animal est donc ambigu. Cela n'est pas sans lien avec l'extrême diversité que recoupe ce nom d'animal. Nous nions parfois que l'animal ait une forme de vie comparable à la nôtre et le traitons comme de la matière première. D'autres fois, nous accordons des privilèges à nos animaux préférés que nous n'accorderions même pas à nos semblables. Il faut donc s'interroger sur le rapport entre la doctrine qui distingue très fortement l'homme et l'animal et une autre qui au contraire les identifie. Il s'agit de déterminer quel statut accorder à l'animal et quels sont les excès que l'on peut observer aussi bien dans le soin des animaux que dans leur maltraitance.





I. L'animal lointain



L'animal s'est vu privé de nombreuses qualités par tous ceux qui ont réfléchi à la différence entre l'homme et l'animal. L'animal ne rit pas, ne pleure pas, ne caresse pas, n'embrasse pas, n'invente pas, ne parle pas, ignore la mort etc. Autrement dit, l'animal est envisagé comme un être qui nous ressemble mais auquel il manquerait de nombreux attributs (Platon, Timée). L'animal est ainsi placé en position d'infériorité.

A la Renaissance se développe l'idée que l'animal est de nature absolument différente de la nôtre et pas seulement inférieure. On trouve chez Descartes l'idée que l'animal ne possède aucune pensée. Il est une machine, un automate fait de nerfs, de boyaux, de pompes etc. Cette conception est liée au paradigme de la science moderne qui réduit la nature à des processus mécaniques et mathématiques. On accuse ce courant de pensée d'être à l'origine de notre mépris pour les animaux et la vie en général. Le mépris de la souffrance physique et psychique des animaux d'élevage industriel est considéré comme une conséquence de l'idéologie des sciences modernes et du respect trop exclusif de la personne humaine par rapport au monde vivant.

Dans l'antiquité, Aristote distinguait déjà le corps et l'intelligence, même s'il n'établissait pas de frontière infranchissable entre les deux. Selon lui, l’être qui, par son intelligence, a la faculté de prévoir, est par nature un chef et un maître tandis que celui qui, au moyen de son corps, est seulement capable d’exécuter les ordres de l’autre, est par sa nature même un subordonné et un esclave. De façon générale, la métaphysique, en distinguant dès Platon la matière et la forme, l'affect et l'intellect, a inscrit dans notre organisation mentale la distinction entre esclave et homme libre. Pour Peter Singer, dans La condition animale, les spécistes distinguent deux espèces, l'homme et l'animal, et permettent aux intérêts de leur propre espèce de prendre le pas sur ceux des autres espèces. Ils sont comparables aux racistes ou au sexistes. Toute forme d'exploitation dépendrait d'une même tendance à comparer homme et animal, homme et femme, ami et ennemi. Rappelons, pour aller en ce sens, que les techniques d'extermination industrielle utilisées par les nazis furent calquée sur les abattoirs de Chicago ou que le dispositif carcéral du panoptique fut inspiré des zoos.

On a souvent remarqué la cruauté de l'enfant à l'égard des insectes et des petits animaux qui lui tombent sous la main, même si par ailleurs il peut être tendre avec l'animal de compagnie. Ainsi, l'homme sélectionne très rapidement les êtres qu'il respectera et ceux qu'il négligera. Par exemple, un animal peut être empaillé, un homme non. L'homme exerce parfois une violence spontanée sur les animaux lorsqu'il bat un animal par caprice pour se défouler. D'autres fois, c'est le travail ou la consommation qui sont organisés sans égard pour la fatigue et la souffrance animale (chevaux de guerre, oie engraissée, cobayes médicaux etc.). Nous élevons les animaux dans des conditions parfois abominables pour les manger, et soumettons d’autres encore à des expériences douloureuses et souvent fatales afin de faire avancer la recherche médicale ou pour développer de nouveaux produits cosmétiques ou ménagers. La violence à l'égard de l'animal s'exprime encore à la chasse, lors de l'abattage, dans les jeux, à la guerre. L'animal peut être aussi l'instrument d'un plaisir sadique. A partir du XIXe siècle l'adoucissement général des moeurs profite à l'animal. Mais comme l'a vu Foucault, la violence n'a pas disparu. Elle s'est faite plus discrète et plus systématique à travers les dispositifs disciplinaires.

La religion, en particulier monothéiste, sépare rigoureusement l'homme et l'animal. En outre, parmi les animaux, une distinction est faite entre animaux purs et animaux impurs. Par exemple, la loi mosaïque déclare impropres à l'alimentation, certains animaux tels que l'âne, le chameau, le porc, le lièvre, etc. Sous un autre angle, nous ne mangeons pas les animaux proches de nous comme le chien et le chat. Nous ne mangeons pas d'insectes pour d'autres raisons. On distingue aussi l'animal sauvage, l'animal d'élevage et l'animal domestique par ordre de proximité avec l'homme. Il y a donc tout un ensemble de comportements qui traduisent des distinctions nettes entre certains animaux, mais qui peuvent évoluer selon les cultures et les modes de représentation. Par exemple, nous mangeons des escargots à la différence des anglais.





II. L'animal proche



Nous avons vu que l'animal est distingué de l'homme et infériorisé. Pourtant l'homme lui-même appartient au genre animal. Il est donc possible de penser une continuité entre l'animal et l'homme. Cette continuité est justement ce qui permet à certains animaux d'entrer dans une très grande proximité avec nous.



La prise en compte du bien-être des animaux non humains est apparue dans la civilisation de la vallée de l'Indus, à travers la croyance en une réincarnation des morts humains sous la forme d'animaux, croyance dont il découle que les animaux doivent être traités avec le respect dû aux humains (abolition de la viande, interdiction de la chasse et de la pêche). Par ailleurs, le Talmud interdit à un Juif de s'associer avec un chasseur. Le végétarisme est une caractéristique de l'ère messianique pour les Juifs orthodoxes, où même les animaux carnivores sont végétariens (prophétie d'Isaïe). Dans bien des religions animistes, comme celles qui existent en Afrique, l'animal est quasi-sacré. Lorsqu'il est sacrifié, il ne s'agit pas de l'humilier. Il faut distinguer l'abattage du sacrifice qui, d'une certaine façon, témoigne du respect de l'animal. Les Eskimos tuent des phoques pour les manger, mais ils le font rituellement, non seulement en demandant pardon à l’animal ainsi sacrifié, mais en demandant son consentement à être ainsi sacrifié. C’est ici l’animal qui se donne à l’homme en nourriture, comme un dieu donnerait la vie à l’humain. L’animal est donc en partie divin. Son sacrifice lui permet de s’approcher du monde des esprits.

Dans l'antiquité, les animaux furent considérés comme appartenant à un degré inférieur à l'homme mais sur une même échelle que lui. Pour Aristote, le vivant végétal se nourrit, l'animal se nourrit et se déplace et l'homme se nourrit, se déplace et pense. Mais c'est une même base, l'âme (de anima « souffle de la vie, principe vital »), à laquelle s'ajoutent des degrés de complexité. Cette thèse continuiste est la plus intuitive puisque nous projetons spontanément sur l'animal des états d'âme comparables aux nôtres. Certains philosophes modernes non cartésiens refusent également de séparer l'homme de l'animal. Pour Montaigne l'animal pense. Pour Schopenhauer l'animal est la même chose que l'homme. Parfois même, l'animal est considéré comme plus adroit et plus dégourdi que l'homme. Le romantisme tend ainsi à valoriser des formes de vies spontanées supérieures à la raison et en un sens plus spirituelles même si elles sont moins conscientes. Enfin, de nombreuses expériences scientifiques sur les chimpanzés, les oiseaux etc. ont montré que l'animal pouvait apprendre à communiquer par signes, utiliser des outils, inventer etc.



L'animal entant qu'être sensible doit être protégé contre la souffrance par la loi. Est moralement mauvais, pour un utilitariste, ce qui est contraire à l'intérêt. Or il est dans l'intérêt de l'animal de ne pas souffrir. On peut bien refuser la pensée à l'animal, cela n'empêche aucunement de le respecter. C'est plutôt en niant sa sensibilité et en l'assimilant à une machine qu'on maltraite l'animal, à la manière dont Malebranche traitait sa chienne. Nous protégeons d'ailleurs les humains selon le même principe, leur épargnant la souffrance, même quand leurs capacités cognitives sont embryonnaires ou endommagées. Ainsi la thèse de l'animal machine encourage une forme de mépris à l'égard de l'animal qui doit d'ailleurs être différenciée du plaisir sadique de faire souffrir.

Au XIX apparurent des lois et des institutions qui punissaient la cruauté envers les animaux. En 1822 fut fondée la Société de prévention de la cruauté envers les animaux en Angleterre. La « Ligue antivivisectionniste française » dont Victor Hugo fut président fut un des principaux promoteurs de la première loi de protection des animaux domestiques prévoyant des sanctions pénales. Le gouvernement britannique a créé en 1967 le Farm Animal Welfare Advisory Committee (Comité consultatif sur le bien-être des animaux de ferme). Les premières lignes directrices du comité recommandèrent que les animaux aient la possibilité de se retourner, de se nettoyer, de se lever, de se coucher, et d'étendre leurs membres. C'est à partir de celles-ci qu'ont été élaborées depuis les besoins fondamentaux de l'animal : absence de douleur, de lésion, de maladie, de stress climatique ou physique, de faim, de soif ou de malnutrition, de peur et de détresse et possibilité d’exprimer des comportements normaux, propres à chaque espèce. Les experts de l´Institut national de recherche agronomique (Inra) ont publié un rapport pour tenter d’identifier et de limiter la douleur chez les animaux d’élevage. La Déclaration universelle des droits de l'animal fut proclamée par l'UNESCO en 1978. Si le commerce des animaux est étroitement réglementé, les responsabilités des maîtres se trouvent désormais précisées afin de généraliser la vaccination mais aussi de veiller à la sécurité de chacun : un propriétaire est responsable des actes de son animal.

Il faut distinguer la défense d'un plus grand bien-être animal et la réclamation des droits pour les animaux. Ces deux points de vue correspondent à deux conceptions éthiques plus générales : les déontologistes fondent la morale sur des droits et réclament donc des droits pour les animaux ; les conséquentialistes jugent simplement une action ou une inaction à travers ses conséquences. En particulier, les utilitaristes la jugent selon ses conséquences en termes de bien-être. Or les défenseurs du bien-être animal jugent souvent que le point de vue du droit des animaux va trop loin à certains égards : le bien-être animal ne nécessite pas forcément l'élimination complète de toute utilisation des animaux, notamment comme animaux de compagnies. Ils défendent plutôt l'idée que les humains ont une responsabilité morale à l'égard des animaux, celle de minimiser leurs souffrances. Le clivage entre conséquentialistes et déontologistes recoupe souvent un autre clivage, celui entre les abolitionnistes (partisans de l'abolition de toute forme d'exploitation des animaux) et les réformistes (qui luttent pour améliorer la condition animale sans forcément remettre en cause toute forme d'exploitation des animaux). La défense du bien-être animal coïncide souvent avec la position réformiste.

Respecter les droits des animaux ne revient donc pas nécessairement à les traiter comme des humains, mais à respecter les intérêts qui leur sont propres pour autant qu’il n’y ait pas un conflit inacceptable avec les nôtres. Nous avons droit à une maison débarrassée des rongeurs. Mais cela ne veut pas dire que nous avons le droit de leur infliger des souffrances inutiles ou des les exploiter selon nos besoins les plus capricieux. Ce principe revient à tenter de minimiser les dommages causés à l'animal et à se limiter à ce qui nous est nécessaire. En Europe du nord, avant de soumettre une bête à une expérience douloureuse, l’équipe de chercheurs doit obtenir une autorisation. Celle-ci n’est accordée que si l’expérience est fondée, c'est-à-dire que les chercheurs doivent montrer que l’expérience est utile et qu’il n’y a pas d’alternative (test in vitro, test sur ordinateur). Le nombre d’animaux utilisés a été réduit au minimum nécessaire à l’expérience. Les chercheurs doivent s’efforcer de réduire autant que faire se peut la souffrance des animaux impliqués. Analgésiques, tranquillisants, anesthésiants sont aujourd’hui de rigueur et lorsque on ne peut réduire la douleur infligée à l’animal l’on doit montrer que la souffrance humaine à laquelle l’on cherche à remédier est suffisamment importante pour justifier la souffrance de l’animal (http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/vivant4.htm).

Le respect des animaux se fait également du point de vue informel dans les nouveaux usages. Aujourd'hui, une partie croissante de la clientèle des supermarchés préfère payer un peu plus cher de la volaille et des œufs provenant d’animaux élevés en plein air ou un lait provenant de vaches nourries à l’herbe et ayant accès à une prairie. Le nombre de végétariens en France est passé de moins de 1% il y a vingt ans à plus de 7 % aujourd’hui et bien des personnes en Europe et aux Etats-Unis refusent d’acheter de l’ivoire ou du cuir par respect pour les animaux. Les transports d’animaux entassés des heures durant dans un camion, la nourriture à la farine animale, les hormones, les conditions d’abattage épouvantables, notamment en France et Belgique, soulèvent de plus en plus de protestations. Manger du foie gras d’oies gavées de force ou la viande de veaux arrachés à leur mère à la naissance commence à poser un problème, et la loi en France vient récemment de constituer les animaux de compagnie en personnes juridiques. Les animaux acquièrent donc quelques droits et petit à petit leurs conditions s’améliorent.



L'animal sauvage a disparu en France avec le grand défrichement du XIe siècle. Mais les animaux domestiques grouillent encore dans les villes jusqu'au XIX , constituant un véritable paysage esthétique (bruits, odeurs, mouvements, objets). Peu à peu, les animaux sont interdits à cause d'accidents de la circulation puis de la peur des contagions. Les chiens errants sont pourchassé au même moments que les vagabonds. On observe donc une domestication générale de l'animal qui au fond perd son animalité brute pour devenir un outil ou un compagnon de l'homme.

Les animaux de compagnie continuent à se développer. Quelle est la place de l'animal de compagnie aujourd'hui ? Quel est son rôle ? Le fait de parler de rôle montre tout de même une instrumentalisation, à la différence d'un enfant qui n'a pas à proprement parler de rôle. Traditionnellement, le chien monte la garde et le chat dératise. Le chien devint le premier animal domestique il y a plus de 10 000 ans. La bible n'est pas favorable à cet animal. Selon les croyances populaires, le chien possèderait des pouvoirs magiques comme de pressentir l'avenir ou de guérir avec sa langue. Le chat lui est devenu domestique en Deux mille av Jc en Egypte. On le retrouve chez les grecs et les romains. Il a été longtemps diabolisé, associé à la femme et la sorcière, et aux pauvres. Les poisons chimiques et le béton lui ont fait perdre sa fonction de dératiseur. Aujourd'hui, avec l'urbanisation, il devient de plus en plus courant. Par son autonomie, il s'accorde nos idéaux individualistes.

Les motivations qui nous poussent à avoir un animal domestique sont aujourd'hui affectives. Le contact animal rapproche de la nature et du vivant. Les enfants sont attirés par l'animal réel ou en peluche. Les adultes le considère comme un compagnon. Il favorise les relations sociales. Il peut avoir des effets thérapeutiques. Il peut équilibrer la famille. La présence de chiens, de chats voire même de poissons peut aider à la guérison des malades ou limiter le stress des patients. Les chiens ou les chevaux sont déjà largement utilisés dans les processus de rééducation. L'animal est un objet transitionnel, un doudou réconfortant, un fétiche, un sujet de discussion et d'attention, un divertissement. L'animal est important dans la dimension affective de la communication, ce qu'une intelligence artificielle ne saurait faire. En un sens, le chat est le complément de l'ordinateur. Les humains prolongent dans l'animal leurs tendances fraternelles, maternelles ou paternelles. L’homme découvre des sentiments, comme la joie, la tristesse, l’amour, dans les expressions faciales du chien. Les comportements sont également importants, comme le comportement d'apaisement qui consiste à donner la patte. La présence du chien ou du chat génère calme, sérénité, détente et, pourrions-nous ajouter, humanité. Recommandé en cas de problèmes cardiovasculaires, l’animal favorise un rapport affectif sans absorbement. Le chien constitue une sorte de «bruit» permanent, une présence qui aime et qu’on aime. C’est comme si le chien, en tant qu’animal domestiqué et à ce titre, introduisait ou réintroduisait localement un signe d’humanité. L'animale domestique fait donc partie de la maison, de la famille et ne s'y trouve pas comme un vulgaire objet. Il participe à la vie commune, à la différence de la fourmi.

L'animal transmet comme nous venons de le voir des choses à l'homme. Inversement l'homme transmet des choses à l'animal. On dit que tel maître tel chien. Il est certain que l'animal est en partie le reflet de l'expérience qu'il a vécue et de l'influence de ses maîtres. Un animal peut être dressé pour devenir agressif ou au contraire en vue d'être affectueux. De manière plus générale, la captivité transforme l'habitus de l'espèce. Par exemple, le chien, proche parent du loup, aurait intégré les groupes humains, il y a 10 000 ans. Sous l’effet progressif du processus de domestication, il a modifié sa physiologie et son comportement, réussissant ainsi à inclure son propre espace dans celui des humains. La place d’un chien dans une famille est directement dépendante d’un dressage qui consiste en un acte autoritaire, tantôt diffus, tantôt systématique, visant à soumettre l’animal à la présence humaine. Réalisé dans un centre d’éducation canine par un professionnel ou à la maison par le maître lui-même, le dressage vise à détenir une prise sur l'animal. La domestication répond à une logique de pouvoir et de séduction, de peine et de récompense. Les déplacements et emplacements de l'animal sont déterminés par le maître. L'anxiété animale, liée à la méconnaissance de ses besoins en terme de relation ou de comportement, est complexe et modifie les attitudes. 1/3 des chats ne sortent jamais, ce qui génère des pathologies.

La vie sociale animale (fourmilière, meute, parade, combats etc.) est étudiée par l'homme qui souligne selon sa perception les rapports de force (Darwin) ou de coopération (Kropotkine). De même, l'animal est utilisé dans les activités compétitives ou sociales. Les jeux avec les animaux ont les deux caractères. Le zoo ou l'exhibition est aussi un moment de partage et de communion de l'homme face à la nature. Nous voyons donc que l'homme s'identifie volontiers à l'animal ou trouve en eux ses propres traits. L'anthropomorphisation de l’animal consiste en l’attribution souvent explicite et valorisée de capacités cognitives ou affectives spécifiques (planification, préférence, mémoire, intentionnalité, ruse, intelligence), la reproduction ponctuelle des comportements humains (saluer, jouer à la balle) ou l’achat, marginal, d’objets humains (vêtements, brosses à dents). 1/3 chiens et 1/2 chats reçoivent un cadeau noël ou d'anniversaire. Il s’agit, par cette sorte de travestissement, de confondre, en tout cas de réduire l’écart entre le chien et l’homme. Cette réduction apparaît aussi bien dans la manière dont certaines personnes parlent à leur animal que sous un forme plus élaborée dans les fables de La Fontaine.

L'animal peut participer à la mise en scène de certains événements. Il est apprêté pour les mariage. Au XVIIe on lui mettait tresses et rubans. Il sert de faire valoir. L'animal est un accessoire de distinction sociale. L'animal rare ou de race, richement paré ou bien apprêté, signifie notre rang. Le Pitt-bull exprime une certaine virilité. Le chien du vagabond a sans doute également une fonction symbolique. De manière générale, on distingue les classes sociales à chien ou à chat. Le chat symbolise la liberté et l'indépendance, qui est la valeur des cadres. Les chiens représentent la défense et l'ordre, valeurs des commerçants etc. Les cynophiles sont liés à la sauvegarde d’un patrimoine économique (patrons de commerce et de l’artisanat, camionneurs) ou sont préposés à la défense de l’ordre (policiers, militaires, contremaitres). Les cattophiles sont des intellectuels et des artistes, suivis en cela par les instituteurs, les travailleurs et les fonctionnaires, qu’ils soient employés ou cadres. Il y a de plus en plus de chats à cause de l'urbanisation et de l'augmentation des personnes seules. Les ouvriers, pour leur part, pratiquent plus volontiers la coexistence des deux espèces.

L'animal profite du développement de l'aliment industriels et des services comme les centres de cosmétique, d'hygiène ou de psychologie. L'animal de compagnie se développe à partir des années soixante dans le domicile moderne. Il est présent dans la publicité. Il représente 2,2 % du budget du ménage soit120 e/an. De nombreux services principalement destinés aux hommes se sont développés pour l'animal : les salons de coiffure, les rayons mode, les cabinets psychologiques, les salles de fitness et les classes de yoga pour chiens new yorkais et californiens. Quant à l'enterrement de l'animal, il apparut au XVIII sans être tout à fait accepté par l'église.



Conclusion

L'animal et l'homme ont une relation ambigüe. Néanmoins, l'animal reste au services des désirs de l'homme. Le temps où l'homme dut lutter sur un pied d'égalité avec les animaux sauvage est révolu. Aujourd'hui, l'ennemi est plutôt le virus ou la catastrophe naturelle. La relation à l'animale évolue même si elle reste fondamentalement asymétrique. L'animal sauvage disparaît. Reste les animaux domestiques ou familiers. Peut-être notre rapport à l'animal se fera-t-il de plus en plus doux. Ce pourrait-être le signe d'une meilleure cohabitation entre les hommes eux-mêmes. Il y a sans doute un lien entre l'oppression des hommes et celles des animaux même si l'on ne peut absolument les comparer.



THE COMPANY OF ANIMALS



Pets are very common in homes today, and their presence is for many their main experience of nature. There are 45 million pets in France. We are the second in the world after the United States to possess as many animals. Pets are subject to care and delicacy which differ from treatment of farm animals in the food industry. Our relationship with animals is ambiguous. This is not unrelated to the extreme diversity that denote the name "animal". Sometimes we deny that the animal has a form of life comparable to ours and treat them as raw material. Other times, we grant privileges to our favorite animals that we would not grant to other men. We must therefore examine the relationship between the doctrine that distinguishes man and animal and one that identifies them. The question is what status given to the animal and what are the excesses that can be observed both in the care of animals and in their abuse.





I. The distant animal



The animal was deprived of many qualities by all who have thought about the difference between man and animal. The animal does not laugh, does not cry, does not caress, does not embrace, does not invent, not talking, ignore the death and so on. In other words, the animal is seen as someone who looks like us but which lacks many of the attributes (Plato, Timaeus). The animal is thus placed at a disadvantage.

During the Renaissance, the idea that the animal nature is absolutely different from ours and not just lower was developed. We found in Descartes the idea that the animal has no thought. It is a machine, an automaton, made of nerves, hoses, pumps etc.. This concept is related to the paradigm of modern science that reduces nature to mechanical and mathematical processes. One accuses this school of thought to be the source of our contempt for animals and life in general. Contempt for physical and mental pain of industrial livestock is considered as a consequence of the ideology of modern science and of the too exclusive respect of the human and not of all the living.

In antiquity, Aristotle already distinguished body and mind, even if it did not establish insurmountable barrier between the two. According to him, the intelligent being who can foresee the future is by nature a leader and a teacher, while who, through his body, is only able to execute orders of the other, is by its nature a subject and a slave. In general, metaphysics, distinguishing from Plato matter and form, affect and intellect, has inscribe into our mental organization the distinction between slave and free man.

For Peter Singer, in The animal condition, the speciesists distinguish two species, humans and animals, and allow the interests of their own species to take precedence over those of other species. They are comparable to racist or sexist. All forms of exploitation depend on the same tendency to compare human and animal, man and woman, friend and enemy. Remember, to go in this direction, that the industrial extermination techniques used by the Nazis were modeled on the Chicago slaughterhouses or that the the panopticon prison device was inspired by zoos.

We can notice the cruelty of the child against insects and small animals which come to hand, although he can also be tender with the pet. Thus, man quickly selects the people he respects and those he neglects. For example, a animal can be stuffed, not a man. Man is sometimes spontaneously violent with animals when he fights them on a whim to let off steam. Other times, the work or consumption are organized without regard to fatigue and animal suffering (war horses, fattened goose, guinea pigs medical etc.). We sometimes raise animals in horrible conditions to eat, and submit others to painful and often fatal experiment to advance medical research or to develop new cosmetics or household. The violence against the animal is also expressed in the hunt, at slaughter, in games, war. The animal may also be an instrument of sadistic pleasure. From the nineteenth century the general softening of manners is beneficial to the animal. But as Foucault saw the violence has not disappeared. It has become more discreet and more systematic through the disciplinary systems.

eligion, especially monotheistic, strictly separates man and animal. In addition, among the animals, a distinction is made between clean beasts and unclean animals. For example, the Mosaic law declares that some animals such as donkeys, camels, pigs, hares, etc. are not edible. From another perspective, we do not eat animals close to us as dogs and cats. We do not eat insects for other reasons. We also distinguish the wild animal, farm animals and pets in order of proximity with humans. There is a whole set of behaviors that reflect distinctions between some animals, but that may change across cultures and modes of representation. For example, we eat snails unlike the English.





II. The close animal



We have seen that the animal is distinguished from the man and regard as inferior. Yet the man himself belongs to the animal genus. It is therefore possible to assume continuity between animal and man. This continuity is precisely what allows some animals to enter a in very close relationship with us.

Taking into account the welfare of nonhuman animals appeared in the civilization of the Indus Valley, through the belief in a reincarnation of the dead humans as animals, a belief which it follows that animals must be treated with the respect due to humans (abolition of meat, prohibition of hunting and fishing). Moreover, the Talmud forbids a Jew to associate with a hunter. Vegetarianism is a feature of the Messianic era for Orthodox Jews, when carnivorous animals are vegetarians (prophecy of Isaiah). In many animistic religions, such as those that exist in Africa, the animal is almost sacred. When it is sacrified, it is not thumiliated. We must distinguish the slaughter and the sacrifice which, in some way, shows respect for the animal. The Eskimos kill seals for food, but they do it ritually, not only by asking for forgiveness to the sacrified animal , but by requiring its consent to be sacrificed. Here the animal give itself to man for food, as a god would give life to humans. The animal is partly divine. His sacrifice allows him to approach the spirit world.

In antiquity, animals were considered to belong to one degree less than man, but on the same scale. For Aristotle, the living plant feeds, animal feeds and moves and the man feeds, moves and thinks. But it's the same base, the soul (anima in latin is "breath of life, vital principle"), with levels of complexity. This continuist thesis is the most intuitive, since we project onto animal spontaneous moods comparable to ours. Some modern non-Cartesian philosophers also refuse to separate the man from the animal. According to Montaigne, the animal thinks. According to Schopenhauer, the animal is the same as men. Sometimes, the animal is considered as more skillful and smart than man. Romantism tends to give value to spontaneous forms of life over reason and more spiritual even though they are less conscious. Finally, many scientific experiments on chimpanzees, birds and so on, showed that the animal could learn to communicate with signs, use tools, invent, etc.

The animal as sensitive being must be protected against suffering by law. What is morally wrong, for a utilitarian, is contrary to the interest. And it is in the interest of the animal not to suffer. We can deny thought to the animal, it doesn't prevent to respect it. Rather, it is denying its sensitivity and compare it to a machine that lead to mistreat animals, like Malebranche treated his dog. We also protect humans on the same principle, sparing them the pain, even when their cognitive abilities are embryonic or damaged. Thus the thesis of the animal machine encourages a form of contempt for the animal that must also be differentiated from the sadistic pleasure of inflicting pain.

Appeared in the nineteenth laws and institutions that punish cruelty to animals. In 1822 was founded the Society for the Prevention of Cruelty to Animals in England. The "French antivivisection League" wich Victor Hugo was president was a leading proponent of the first law to protect pets with penalties. The British government created in 1967 the Farm Animal Welfare Advisory Committee. The first guidelines of the committee recommended that animals have the opportunity to turn around, to clean up, get up, lie down, and expand their membership. It is from these that were work out the basic needs of the animal: no pain, injury, illness, physical or climatic stress, hunger, thirst and malnutrition, fear and distress and the ability to express normal behavior, specific to each species. Experts from the National Institute of Agronomic Research (INRA) issued a report to try to identify and reduce pain in animals. The Universal Declaration of Animal Rights was proclaimed by UNESCO in 1978. If the pet trade is closely regulated, the responsibilities of owners are now specified in order to generalize the vaccination but also to ensure everyone's safety: an owner is responsible for the actions of the animal.

We must distinguish the defense of a larger animal welfare and the claim of rights for animals. These two perspectives correspond to two more general ethical conceptions : deontologists based morality on rights and therefore call for rights for animals ; consequentialists consider just one action or inaction through its consequences. In particular, the utilitarian judge an action according to its consequences in terms of well-being. Yet advocates of animal welfare often find that the point of view of animal rights goes too far in some respects: the animal welfare does not necessarily require the complete elimination of all animal use, such as pets. Instead, they defend the idea that humans have a moral responsibility towards animals to minimize their suffering. The divide between consequentialist and deontological often overlaps another division between the abolitionists (supporters of the abolition of all forms of exploitation of animals) and reformists (who are struggling to improve animal condition without necessarily challenge all forms of exploitation of animals). The defense of animal welfare often coincides with the reformist position.

Therefore, respect the rights of animals is not necessarily treate them as human, but to respect their interests, provided that there is no unacceptable conflict with ours. We are entitled to a home free of rodents. But that does not mean that we have the right to inflict unnecessary suffering or exploit according to our most capricious needs. This principle is an attempt to minimize damage to the animal and to be limited to what we need.

In northern Europe, before submitting an animal to a painful experience, the research team must obtain a permit. It is granted only if the experiment is based, that is to say that researchers must show that the experience is useful and there is no alternative (in vitro test, test computer). The number of animals used was reduced to the minimum necessary to experience. Researchers should strive to reduce as much as possible the suffering of animals involved. Analgesics, tranquilizers, anesthetics are now de rigueur, and when we can reduce the pain inflicted on the animal we must show that human suffering to which we seek to address is important enough to justify the suffering of animal (http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/vivant4.htm).

Respect for animals is also informal in the new uses. Today, a growing proportion of customers of supermarkets rather pay a little more poultry and eggs from animals raised outdoors or milk from cows fed on grass and having access to a meadow. The number of vegetarians in France has risen from less than 1% twenty years ago to more than 7% today and many people in Europe and the United States refuse to buy ivory and leather out of respect for the animals. The transport of animals for hours crammed into a truck, food from animal meal, hormones, appalling slaughter conditions, especially in France and Belgium, raise more and more protests. Eating foie gras from geese force to fed or veal torn from their mothers at birth is becoming a problem, and the law in France has recently set up the pets as legal entities. The animals thus acquire certain rights and gradually their conditions improve.

Wild animals have gone to France with the great clearing of the eleventh century. But animals still swarming in the cities until the nineteenth, constituting a real aesthetics landscape (noise, smells, movements, objects). Gradually, the animals are not allowed due to traffic accidents and the fear of contagion. Stray dogs are chasing the same moments as wanderers. There is therefore a general domestication of the animal wich loses its raw animality to become a tool or a human companion.

Pets continue to grow. What is the role of pets now ? Using the word "role" still shows a reducing to utility, unlike a child who has no real role. Traditionally, the dog stands guard and the cat catches rats. The dog became the first pet more than 10 000 years ago. The Bible does not support this animal. According to popular belief, the dog has magical powers as to foresee the future or to cure with his tongue. The cat became domestic in two thousand BC in Egypt. We find it at Greeks and Romans. It has been demonized, combined with the wife and the witch, and the poor. The chemical poisons and concrete caused him to lose his position as exterminator. Today, with urbanization, it is becoming increasingly common. Because of its autonomy, it goes well with individualistic ideals. Today, the motivations that drive us to have a pet are emotional. The animal contact move closer to nature and life. Children are attracted by the real or stuffed animal. Adults consider it as a companion. It promotes social interaction. It can have therapeutic effects. It can balance the family. The presence of dogs, cats and even fish can help to heal the sick or limit patient stress. Dogs and horses are already widely used in the rehabilitation process. The animal is a transitional object, a comforting blanket, a fetish, a topic of discussion and attention, an entertainment. The animal is important in the affective dimension of communication, that an artificial intelligence can not do. In a sense, the cat is the complement of the computer. Humans extend in the animal their fraternal, maternal or paternal trends. Man discovers feelings such as joy, sadness, love, in facial expressions of the dog. Behavior are also important, as the behavior of appeasement of giving the leg. The presence of the dog or cat produces calm, serenity, relaxation and, we might add, humanity. Recommended for cardiovascular problems, the animal favors an emotional connection without absorbing. The dog is a kind of permanent "noise" presence that loves and we love. It's like dog as pets, introduced or reintroduced a local sign of humanity. Domestic animal is part of the house, the family and is not there like a common object. He participates in community life, in contrast to the ant.

As we have seen, Animal convey things to humans. Conversely, the man sends something to the animal. It is said that dog is like is owner. It is certain that the animal is partly a reflection of his experience and influence of his owner. An animal can be trained to become aggressive or otherwise to be affectionate. More generally, the captivity turns the habitus of the species. For example, the dog, a close relative of the wolf, have integrated human groups, 10 000 years ago. As a result of the gradual process of domestication, it amended its physiology and behavior, to including its own space in that of humans. The place of a dog in a family is directly dependent on a training consisting of an authoritarian act, sometimes diffuse, sometimes systematically, to subject the animal to human presence. Performed in a dog training center by a professional or at home by the owner himself, the training consist to hold a grip on the animal. Domestication responds to a logic of power and seduction, pain and reward. Movements and locations of the animal are determined by the owner. Animal anxiety, related to the lack of understanding of its needs in terms of relationship or behavior, is complex and changing attitudes. 1 / 3 of cats never go out, which generates pathologies.

The animal social life (ant, pack, parade, fighting etc..) is studied by man who emphasizes, according to his perception, competition (Darwin) or cooperation (Kropotkin). Similarly, the animal is used in competitive or social activities. Games with animals have the two characters. The zoo or exhibition is also a time of sharing and communion of man in front of nature. Thus we see that man identifies himself to the animal or find in them his own features. The anthropomorphism of the animal is in the allocation of often explicit and valued specific cognitive or affective abilities( planning, preference memory, intentionality, cunning, intelligence), one-time reproduction of human behavior (greeting, play ball) or buying of human objects (clothing, toothbrushes). 1 / 3 dogs and 1 / 2 cats receive Christmas or birthday gift. This kind of disguise reduce the gap between dog and man. This reduction appear as much in the way some people talk to their pet than in a more elaborate form in the fables of La Fontaine.

Animal may participate in the staging of events. It is dressed for marriage. In the seventeenth one put on it braids and ribbons. It is used to get oneself notice. The animal is an accessory of social distinction. The rare animal or race, richly adorned or dressed, means ou rank. The Pitt-bull expresses a certain virility. The vagabond's dog has probably also a symbolic function. In general, there are different social classes for dog or cat. The cat symbolizes freedom and independence, which is the value of executives. Dogs represent defense and enforcement, merchants etc. values. Dogs are related to the preservation of economic assets (manager of trade and crafts, truck drivers) or are employed in the defense of the order (police, military, foremen). Cats represent intellectuals and artists, followed in this by the teachers, workers and officials, whether employees or managers. There are more and more cats because of urbanization and the increase of single people. The workers are more open to engage the coexistence of both species.

The animal benefits from the development of the food industry and service centers such as cosmetics, hygiene or psychology. The pet develops from the sixties in the modern home. It is present in advertising. It represents 2.2% of the household budget that is 120 euros / year. Many services primarily for men have evolved for animals : hair salons, fashion stores, psychological offices, fitness centers and yoga classes for dogs in New York and California. The burial of animal appeared in the eighteenth but not quite accepted by the church.



Conclusion

Animals and humans have an ambiguous relationship. However, animal remains at the service of man's desires. The time when man had to fight on equal terms with the wild animals is gone. Today, the enemy is more virus or natural disaster. The relationship to the animal evolves even if it remains fundamentally unbalanced. The wild animal disappears. Pets remain. Perhaps our relationship to animal will be more and more gentle. This could be a sign of better cohabitation between men themselves. There is probably a link between oppression of men and those of animals even if we can not absolutely compare the two .


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